Le projet de science participative Sismo-Citoyen a été initié en 2018 en association avec le service national d’observation BCSF-RéNaSS hébergé à l’EOSTUn réseau de sismomètres à bas coût a été installé chez des particuliers dans le secteur de Bâle-Mulhouse, dans le bassin potassique et en bordure de Vosges. D’autres capteurs ont été placés à proximité des sites de forage géothermiques de l’Eurométropole de Strasbourg. Ces stations ont joué un rôle important dans le suivi de la crise sismique qui a affecté l’Eurométropole de Strasbourg de novembre 2019 à fin 2021 suite aux opérations sur le site de Vendenheim.

Les événements sismiques qui ont affecté l’Eurométropole de Strasbourg entre 2019 et 2021 ont conduit à une médiatisation importante de données sismologiques analysées et diffusées. De nombreux articles publiés par la presse locale ont introduit des éléments techniques permettant de caractériser les secousses tout en documentant leurs effets.

Actuellement, bien que le moratoire décrété par la préfecture ait imposé un gel des projets de géothermie profonde menés au sein et à proximité de l’Eurométropole de Strasbourg, d’autres projets sont en cours de définition sur le territoire alsacien. En Alsace du Nord, des projets d’exploitation de la chaleur et du lithium sont à l’étude. Ils nécessiteront la mise en place de plusieurs forages situés entre 2 et 3 km de profondeur. 

La mise en œuvre d’un nouveau dispositif de science participative, à l’Eurométropole de Strasbourg et en Alsace du nord, se focalisant sur la surveillance sismique, pourra ouvrir la voie vers une culture sismologique partagée qui faisait défaut en 2019. Celle-ci donnera la possibilité à la société civile de mieux appréhender l’impact environnemental des projets industriels et ainsi se construire une opinion, voire de prendre des décisions, en connaissance de cause.


La suite du réseau Sismo-Citoyen

Le projet PrESENCE

Le projet PrESENCE débuté en janvier 2022, vise à densifier et étendre le réseau existant à deux zones concernées par des projets de géothermie profonde : au nord de l’Alsace, dans l’environnement de deux sites de géothermie profonde en production (Soultz-sous-Forêts et Rittershoffen) et où des projets d’exploitation de la chaleur et du lithium présents en sous-sol sont en discussion ; et au sein de l’Eurométropole de Strasbourg où plusieurs projets de géothermie profonde ont été suspendus du fait du moratoire décrété par la préfecture du Bas-Rhin suite aux événements sismiques de 2019-2021.

Environ 80 capteurs sismiques seront déployés dans le cadre du projet PrESENCE. 70 seront installés chez des particuliers volontaires résidant dans deux zones d’intérêt : l’Eurométropole de Strasbourg et trois Communautés de communes d’Alsace du nord (Haguenau, Outre-Forêt et Sauer-Pechelbronn). Les autres capteurs seront placés dans des bâtiments publics (mairies) ou au domicile de représentants d’associations. Un panel de 35 citoyens sera sélectionné parmi le groupe d’hébergeurs volontaires sur la base de critères socio-démographiques pour le suivi sociologique du dispositif.

Pour plus d’information sur l’accueil d’un sismomètre et l’appel à volontaires, n’hésitez pas à consulter cette page

Le projet SismoCité

Le retour d’expérience des campagnes d’installation de capteurs débutées en 2018 montre que, pour être pérenne, ce type de réseau nécessite une interaction forte entre citoyens et communauté scientifique.

Le projet SismoCité vise donc à renforcer ces interactions en favorisant le dialogue entre science et société civile et en invitant différentes catégories d’acteurs à s’impliquer dans la coconstruction et la vie du dispositif de surveillance sismique. Le projet SismoCité s’articule et se présente comme un prolongement du projet PrESENCE.

SismoCité vise à favoriser le dialogue science-société en mettant en place trois types d’actions complémentaires : organiser une concertation avec les élus et les associations ; œuvrer à une communication engageant des chercheurs, mais aussi des représentants de la société civile (collectivités, élus, associations) ; mobiliser les espaces de médiation existants pour sensibiliser les publics et former les volontaires.

Plusieurs actions seront donc menées :

  1. Organisation d’échanges et concertations avec les élus et représentants d’association, afin de saisir les attentes ou demandes de la société civile en matière de surveillance sismique.
  2. Organisation de rencontres entre le réseau de volontaires et la communauté scientifique au travers la tenue de Sismo-Stammtisch.
  3. Informer et sensibiliser les citoyens à la surveillance sismique et ses enjeux au travers des actions de médiation au Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg et au Musée du Pétrole à Pechelbronn.

Vous êtes une commune ou une association et vous êtes intéressé pour participer à la concertation sur la surveillance sismique, Contactez-nous avec cette adresse : iti-geot-idex-sismocite@unistra.fr


Enjeux Scientifiques

Sismologique

Sur le plan sismologique, la mise en place d’un réseau dense de sismomètres à bas coût, hébergés par des particuliers et des collectivités, doit permettre d’appréhender de façon fine les phénomènes sismiques naturels ou induits et de développer des systèmes de gestion du risque.

Ces capteurs ont la sensibilité suffisante pour enregistrer l’activité micro-sismique, mais sont également sensibles, du fait de leur installation dans des bâtiments en milieu urbain, à toute une variété de vibrations d’origine anthropique de forte amplitude (activités domestiques, travaux d’aménagement menés à proximité du capteur, circulation automobile, …). De ce fait, une partie des recherches menées à l’EOST consiste à développer des outils permettant de distinguer et d’extraire au milieu de ce bruit ambiant anthropique ce qui est de l’ordre de la sismicité naturelle ou induite.

Ces outils, aujourd’hui basés sur des approches d’intelligence artificielle, nécessitent une base d’entraînement adéquate où chaque type de signaux constituant le bruit anthropique doit être correctement référencé. Aussi, nous comptons impliquer des groupes de volontaires dans cette classification des signaux issus de leur capteur.

D’autre part, en permettant une densification à moindre coût des réseaux existants, ces capteurs permettront de développer des méthodes d’imagerie du sous-sol utilisant aussi bien la micro-sismicité que le bruit ambiant. L’enjeu est d’aboutir à une meilleure connaissance de la structure spatiale et de l’évolution temporelle des propriétés mécaniques du sous-sol au niveau des réservoirs géothermiques afin de développer, à terme, des modèles prédictifs du fonctionnement de ces systèmes et de l’aléa sismique associé.

Parce que ce dispositif de science participative intègre dans ses objectifs la surveillance de la sismicité induite par l’activité industrielle, il est important que sa mise en place se fasse indépendamment du secteur industriel. Cette indépendance d’action permettra de lever tout malentendu quant à l’intention de la démarche et de garantir une réelle transparence quant aux données mesurées et leur interprétation.

Institutions et laboratoires impliqués du côté sismologique :
L’EOST : https://eost.unistra.fr/
L’ITES : https://ites.unistra.fr/
L’ITI GeoT : https://geot.unistra.fr/
Les sites de l’observation sismologique national BCSF-RENASS situé à Strasbourg : www.franceseisme.fr/ /   https://renass.unistra.fr/

Sociologique

Au niveau sociologique, le réseau Sismo-Citoyen constitue un terrain d’étude inédit. Il permet d’apporter une nouvelle orientation aux travaux déjà nombreux portant sur les modalités d’engagement des citoyens dans des projets de sciences participatives.

L’observation sociologique ouvre des perspectives permettant de mieux comprendre que les citoyens entretiennent à la science et au risque industriel. L’étude sociologique proposée dans le cadre du projet SismoCité s’inspire en partie des résultats obtenus dans le cadre du suivi sociologique des premières vagues d’installation de capteur chez des particuliers (Chavot, Masseran, 2022, soumis).

Les échanges nourris qui seront organisés avec les volontaires et les différentes parties prenantes permettront notamment d’analyser la façon dont les collectivités, les élus, les associations et les citoyens se saisissent de ce dispositif pour appréhender les enjeux environnementaux associés au développement de projets industriels et de la surveillance sismique.

Institutions et laboratoires impliqués du côté Sociologique :
Le LISEC: http://www.lisec-recherche.eu/
L’ITI GeoT : https://geot.unistra.fr/